- aneantir
- I.Aneantir, act. penac. C'est proprement mettre à neant, comme aneantir une ordonnance, un us et style, abrogare, Aneantir les moyens d'aucun, Nullas cuiusquam opes viresque reddere. i. ita prosternere ac inanes reddere, tanquam nullae essent, Aneantir aucun, c'est l'enerver, luy oster la force, et vigueur, et le rendre comme s'il n'estoit point, le reduire à estre tenu pour rien. Et combien que neant soit negatif d'estre ou valoir, et que partant on die un vauneant, et un vaurien, pour mesme signification: si ne dit on pas fairien comme on dit faineant, l'Italien dit niente, et l'Espagnol nada, pour neant, cependant nul d'eux n'a le verbe aneantir comme nous. Mais le Grec, qui dit {{t=g}}oudén,{{/t}} l'a bien, disant par composition {{t=g}}éxoudénoô,{{/t}} Je aneante, et {{t=g}}éxoudénôsis,{{/t}} aneantissement. Et partant comme iceluy Grec l'usurpe pour abjection et mespris et contemnement, en François peut raisonnablement signifier et estre employé pour le mesmes, aussi qui aneantist, mesprise et abjecte assez ce qu'il met au neant. Les cours souveraines ou jugeans en souveraineté, usent bien de ces mots, mettre au neant, soit qu'elles aneantissent l'appel ou ce dont a esté appelé, ou les deux ensemble: et neantmoins n'usent dudit verbe aneantir audit cas. Aucuns l'escrivent Anneantir, pour le marquer de la composition de Ad ou A, et neant, doublans la lettre n, comme les Latins en telles paroles composees, mais on le prononce Aneantir.II.Se perdre et aneantir de volupté et paresse, Defluere luxu et inertia.Un homme aneanti, Iam vappa factus, B.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.